Arriver dans le bidonville de la Ensenada, c’est découvrir une autre réalité, incompréhensible au premier abord. En France, nous ne sommes pas du tout confrontés à ces formes de pauvretés, et il nous a donc été difficile de les reconnaitre dès le début. Bien sûr, nous avons tous une représentation de ce qu’est un bidonville, de ce à quoi ressemble la faim, de ce à quoi ressemble le Pérou (avec sa forêt et ses temples incas).
Mais entrer dans la Ensenada, c’est entrer dans un désert. Rien ne pousse ici, rien ne pousse à l’horizon. Les personnes qui vivent là n’ont quasiment rien: des baraques de bois bien souvent, qui résisteront quelques mois, quelques années, peut-être. Beaucoup n’ont pas d’eau courante, pas assez à manger. Et un désert d’esprit s’accompagne à cela : les carences de certains enfants les mènent à des retards psychologiques et intellectuels.
Et pourtant dans cette détresse, nous sommes toujours témoins de solidarité entre voisins. Sur ce sol aride et poussiéreux, les maisons et les vêtements sont toujours propres, signes inlassables de dignité. Dans ce vide matériel, il y a le sourire des personnes malgré leur difficulté à vire, il y a la bonne humeur des habitants et leur joie de nous découvrir, de découvrir de nouvelles personnes.
Au milieu de l’ennui des enfants et du sentiment de solitude des adultes, il y a Casa Betania. Les sœurs de Casa Betania ont su nous accueillir comme des membres de leur famille. Et je pense qu’au cours des deux semaines, chaque membre du groupe s’est senti être de la même famille. Finalement, chaque membre de cette nouvelle famille a pu marquer sa petite empreinte dans l’immensité de la Ensenada.
Aussi peu peut-on faire pour ces habitants péruviens, autant ce qu’on y fait, rien que par notre présence, y est indispensable.
Durant ce séjour, court et intense, ce groupe de volontaire venu de toute part du monde a réussi à s’entraider et à communiquer, chose difficile avec trois langues différentes, pour pouvoir aider au mieux la communauté de la Ensenada et apporter de la nouveauté dans ce quartier de Lima.
Les personnes, que ce soient les sœurs de la Casa Betania qui nous ont accueilli très chaleureusement ou les péruviens qui nous ont ouvert les portes de leur maison ou les volontaires, mexicains, espagnols, irlandais, nous ont permis d’évoluer, de nous découvrir et de découvrir le monde d’une autre manière.
Ce séjour aura été pour les habitants de la Ensenada, nous l’espérons, un bon moment, un moment où ils auront pu s’épanouir avec de nouvelles personnes et il aura été pour nous, un renouveau.
Marie-Ange et Julie